Le patrimoine bâti et paysager en danger

Les journées du patrimoine permettent de mieux faire connaître le riche et très important patrimoine de notre pays. Les sites et monuments qui ouvrent leurs portes à cette occasion sont, le plus souvent, classés, donc bien préservés.

Il n'en est malheureusement pas de même pour le petit patrimoine, non classé et généralement privé, dont des éléments disparaissent chaque année par manque d'entretien ou irresponsabilité de propriétaires qui jugent inutile et trop onéreux d'entretenir ces petites constructions qui font le charme de nos villages et sont le témoignage du savoir faire de nos ancêtres.

 

Quelques exemples de disparitions récentes constatées à Saint-Christophe-sur-le-Nais

La Passerelle de Cornebœuf

Le secteur de Cornebœuf était un lieu fréquenté par les pêcheurs et les enfants de la commune à la fin du 19e siècle. C’est pourquoi, le 6 février 1898, Le Conseil Municipal considérant que la planche permettant de traverser l'Escotais au Gué de Cornebœuf est très vétuste, donne son accord pour la construction d'une passerelle métallique. Cette construction est confiée à M. Carré, serrurier à St Christophe. (Coût 224 F dont 142 F à la charge de la commune et 82 F recueillis par souscription).

 

Cette passerelle existe toujours, mais elle aurait bien besoin d’un peu de peinture et il faudrait pouvoir l’atteindre par un sentier en venant d’une rive ou de l’autre. Ce sentier permettrait de relier la Billetière au carrefour de la Chartrie sans trop utiliser de voie goudronnée. A la Municipalité actuelle d’étudier le problème.

Carte postale du début du 20e siècle montrant des enfants se baignant dans le petit plan d’eau formé par le barrage de gros cailloux installé à cet endroit.

Le plan cadastral avec le tracé de ce que pourrait être le sentier.

UNE PARTIE DU PATRIMOINE RELIGIEUX A DISPARU

L'ORGUE de L'ÉGLISE

Le Choeur plus large que la nef, il a permis dans son angle sud-ouest la construction d’une petite tribune sur laquelle avait pris place, en 1853, un orgue de proportions modestes. On y accédait par un escalier étroit, près de la porte latérale. Il n’en reste plus rien aujourd’hui.

L’origine de cet instrument est inconnue. Il est déjà en service dans l’église lorsque le conseil de fabrique décide, le premier dimanche d’octobre 1852, de faire construire une tribune pour dégager la vue de l’autel (Archives diocésaines, P 213) :

« L’an [1852], le premier dimanche d’octobre, le Conseil de fabrique de l’église de Saint-Christophe dûment convoqué s’est réuni au presbytère en séance ordinaire […] M. le Président a proposé au Conseil de faire confectionner une tribune pour y placer l’orgue.

Le Conseil considérant que l’orgue placé dans le chœur empêche d’accomplir convenablement les cérémonies et ne laisse pas voir suffisamment l’autel aux fidèles a adopté la proposition de son Président et a voté la somme de 125 f pour la confection de ladite tribune qui sera placée dans la chapelle Sainte-Anne au-dessus du confessionnal du vicaire. »

Les comptes de la paroisse font apparaître que cet orgue avait été acquis grâce à une avance de 1500 francs faite par l’abbé Beaumier, curé de Saint-Christophe de 1843 à 1855. La tribune est payée 100 francs à Denys, charpentier, le 5 août 1853 ; Legeay reçoit 22 francs le 17 décembre suivant pour avoir peint le buffet de l’orgue, et Brandière 4,45 francs pour avoir fourni des panneaux à ce même buffet ; enfin un organiste  – M. Chauvin -  paraît pour la première fois en 1853, qui ne reçoit qu’une demi-année de traitement ; tous ces détails permettent de supposer que l’orgue n’a pas été acheté avant l’été 1852, on aurait eu le temps sinon de terminer la réparation du buffet et sa peinture. L’instrument aurait donc été déposé quelque temps dans le chœur en attendant la construction de la tribune : l’absence de mention d’organiste avant 1853 confirmerait l’hypothèse.

Ce petit orgue est fort utilisé, ainsi qu’en témoignent plusieurs délibérations de la fabrique. Par exemple, lors de la prise de possession de la cure, le 15 juillet 1855, par l’abbé Gaubert qui succède à l’abbé Beaumier, « la solennité a été rehaussée par le concours de deux artistes de la ville de Tours, MM. Schmidt et Bonnin lesquels ont exécuté des morceaux de musique qui ont été vivement applaudis et ont fait honneur au talent qui les distingue ». La présence de Charles-Michel Schmidt ne doit pas surprendre : il s’était marié quelque quarante-deux  années plus tôt dans la paroisse voisine de Saint-Paterne.

 

On relève dans le registre des recettes et dépenses, le 3 août 1857, la mention : « Payé 100 f au curé [Beaumier, devenu doyen de Langeais] dernier paiement pour l’orgue, par conséquent cet instrument appartient à l’église ». De 1866 à 1888, c’est Louis Bonn puis son fils Frédéric qui entretiendront l’instrument.

En 1923, un inventaire juge l’orgue en mauvais état, mais l’estime 3000 francs. Un organiste a été payé jusqu’en 1959. La dernière organiste nous a affirmé en mai 1995 que l’instrument était  encore parfaitement jouable en 1952, mais que la soufflerie à main décourageait de l’utiliser.

Notre enquête n’a pas permis de déterminer ce qu’était devenu cet instrument, qui semble bien avoir disparu avec sa tribune en 1966

Extrait d’un gros livre répertoriant tous les orgues tourangeaux.

Agrandissement d'une carte postale montrant la tribune, à droite du choeur.
Agrandissement d'une carte postale montrant la tribune, à droite du choeur.
Ce qui reste de l'orgue : le soufflet qui se trouve au musée de Rouziers.
Ce qui reste de l'orgue : le soufflet qui se trouve au musée de Rouziers.

LA GRILLE DU CHOEUR DE L'ÉGLISE

Une grille existait devant l'autel, mais elle a été enlevée avant 1927 puisque qu'on ne l'aperçoit plus sur les photos prises lors des premiers pèlerinages.

 

 

LA CROIX DU JUBILÉ

Sur le cadastre de 1834 une croix du jubilé est mentionnée face à la rue des tanneurs, au bord des prés des Grands Moulins. Cette croix semble apparaître, peu distinctement, sur une carte postale de la rue des tanneurs datant du début du 20e siècle.

Quand et à quelle occasion a-t-elle été enlevée ?

 

 

UN SAINT CHRISTOPHE EN BOIS

Cette magnifique petite statue de saint Christophe était présente dans sa niche, à l'angle de l'épicerie actuelle, "Graines de rêve". 

Il ne reste plus actuellement que la niche et la statue serait chez M Birocheau qui en serait le propriétaire.

 

 

Un joli abri de jardin

Ce petit bâtiment était situé au milieu d'un jardin dans lequel on vient de construire une maison (le permis de construire avait été délivré à la condition de conserver l'abri). Il datait très certainement de la fin du XIXème siècle, époque qui vit s'édifier une multitude de petites constructions en pierres dans les vignes ou les jardins. Ses murs étaient montés en pierres de tuffeau et certaines portaient des sculptures qui datent des années 1970 comme nous l'a précisé leur auteur, Jean-Michel Machefert, qui les avait gravées pendant que ses parents jardinaient. Nous avons appris, lors de la réunion du Conseil Municipal du 2 novembre, que ce bâtiment a été acheté par M. Rullon qui a obtenu l'autorisation de le démonter, à condition qu'il soit rebâti à l'identique, dans les 5 ans, sur un terrain lui appartenant, ce qui n'a pas été fait.

Un puits voûte

Saint-Christophe-sur-le-Nais compte de nombreux puits surmontés d'un édifice voûté en pierres de tuffeau. Là aussi on peut penser, si l'on en croit certaines inscriptions, que ce fut à la fin du XIXème ou au tout début du XXème siècle que les tailleurs de pierre locaux répandirent cette mode.

En voici un dont les pierres ont été démontées.

 

 

Une trompe compagnonnique

Voici le texte de Laurent Bastard, conservateur du Musée du Compagnonnage de Tours, publié à l'adresse Internet suivante :

http://compagnonnage.info/blog/blogs/blog1.php/2009/10/16/trompe-compagnonnique-st-christophe-sur-

 

Le bourg de Saint-Christophe-sur-le-Nais (Indre-et-Loire) renferme une petite habitation dont la trompe en coin avait été badigeonnée à la chaux et ornée d'un décor peint. Il attestait que son propriétaire était un compagnon couvreur car on remarquait, à la pointe de la trompe, un compas posé sur une équerre et, en dessous, un grand marteau de couvreur posé sur une enclumette. Une petite niche avait été ménagée entre la toiture et la trompe et elle abritait une statuette de saint Christophe.

Une photo prise en 1980 montre que les figures peintes étaient encore visibles et que la trompe n'était pas trop dégradée.

Une autre vue, prise en 1995, atteste que la pointe de la trompe, en tuffeau friable, s'était brisée, emportant avec elle le haut du blason compagnonnique.

Enfin, une troisième photo, prise récemment, nous montre que les propriétaires ont reconstitué la partie brisée de la trompe, mais ont aussi ôté le badigeon et les motifs peints. La façade s'ouvrait sur une porte fermée de grands volets. L'ouverture a été réduite à une fenêtre et la partie basse a été comblée avec des parpaings sous enduits, achevant de défigurer ce qui constituait un intéressant témoignage du petit patrimoine bâti tourangeau.

 

Photo noir et blanc prise en 1980
Photo noir et blanc prise en 1980
Photo prise en 1995
Photo prise en 1995
La trompe et la maison en 2009
La trompe et la maison en 2009

 

Le lavoir du Gué Perdu

 

Dans sa séance du 10 mars 2010, le Conseil Municipal a évoqué le cas du lavoir du Gué Perdu et pris la décision suivante :

"Un administré signale qu’une partie du  mur de l’ancien lavoir a été détériorée et que les pierres de taille ont été projetées dans sa propriété. La commune va porter plainte à la Gendarmerie. Cet administré propose que la commune enlève ces pierres afin qu’il mette une clôture.

Après en avoir délibéré, le Conseil Municipal, à l’unanimité, décide de faire enlever les pierres par les employés communaux. "

 

 

 

Ce qu'il en reste en avril 2010
Ce qu'il en reste en avril 2010

 

Ce lavoir datait du milieu du XIXe siècle, il fut le sujet d’une carte postale du début du XXe xiècle, mais aussi d’une autre dans les années 60. Depuis ce temps il a été abandonné par les lavandières christophoriennes et s’est détérioré petit à petit.

Le lavoir vers 1905
Le lavoir vers 1905
Le lavoir vers 1960
Le lavoir vers 1960
Ce qu'il en restait en 1999
Ce qu'il en restait en 1999

En 1999, il ne restait plus que les deux murs en tuffeau et, suite à ce dernier acte de vandalisme, il va définitivement disparaître.

Il faut préciser que c’est tout près de ce lavoir, là où le Nais est assez large et profond, que bon nombre de jeunes Christophoriens allaient se baigner au milieu du XXe siècle.

Le patrimoine paysager disparaît lui aussi

Verger planté en reinette du Mans
Verger planté en reinette du Mans

Les vignes et vergers de pommiers hautes tiges

 

Il y a quelques décennies, le territoire communal était occupé par de très nombreuses vignes puis par des vergers de pommiers hautes tiges de reinette du Mans.

Il n'en restera bientôt plus aucune trace car ils disparaissent d'année en année, exemple au lieu-dit La Grandinière dont voici deux clichés.

La Grandinière il y a quelques années
La Grandinière il y a quelques années
Ce qui reste du verger et de la vigne en décembre 2012
Ce qui reste du verger et de la vigne en décembre 2012

Le petit patrimoine sauvegardé

 

Certains éléments constituant le petit patrimoine de notre village sont, fort heureusement, sauvegardés grâce à leurs propriétaires qui en prennent soin.

 

Un puits voûte sauvegardé

Ce puits dont la voûte date de la fin du 19e siècle a été mis en valeur par Anne-Marie Morand qui habite juste à côté, aux Caves blanches. Félicitations pour cette initiative et merci.

Une maison de vigne restaurée

Cette maison de vigne se situe entre Vaunoble et La Plaine des Cœurs, au bord de la route. Elle vient d'être restaurée et nous tenons à remercier son propriétaire pour cette action en faveur du petit patrimoine communal.

 Un panneau indicateur

 

Naguère, il existait dans les carrefours des panneaux, indiquant les directions et la distance des villages les plus proches, un peu différents de ceux rencontrés actuellement. Ils étaient rectangulaires, en fonte, posés en hauteur pour faciliter leur lecture par les conducteurs de véhicules hippomobiles.

A St Christophe-sur-le-Nais nous pouvons encore en voir un, au bas de la rue Chaude, fixé sur le mur de la maison de M. et Mme Durand.

 

Nous pouvons remercier et féliciter M. Bernard Durand qui en prend le plus grand soin et lui a même redonné un peu de couleur.

La statue de saint Pierre

 

Cette statue fabriquée dans la faïencerie qui occupait la Maison du Dauphin était installée dans une niche de cette propriété depuis 1749, date de sa fabrication. C’était un des rares objets fabriqués par la faïencerie de St Christophe encore visible par tous.

Son état commençait à poser problème et c’est pourquoi ses propriétaires, Mme et M. Fourty, ont décidé de la faire restaurer. C’est chose faite et elle a repris sa place dans sa niche.

Un grand merci à Mme et M. Fourty, grâce à qui un autre élément du petit patrimoine communal a été sauvé et reste visible par les promeneurs qui viennent découvrir Saint-Christophe-sur-le-Nais, notre beau village tourangeau.

La statue avant restauration
La statue avant restauration
La statue restaurée et protégée
La statue restaurée et protégée

Une belle restauration

Les propriétaires du 30 rue du Val Joyeux sont à féliciter pour la restauration très réussie de leur petite maison (toiture et crépi).

 

Il y a un siècle, en 1913, un mariage avait été photographié devant cette maison sur le mur de laquelle on pouvait lire "CHAUSSURES". 100 ans plus tard, avant l’application d’un nouveau crépi, on apercevait la même inscription.

Voici les 2 photos le prouvant :

En 1913
En 1913
En 2013, avant restauration
En 2013, avant restauration

Une façade bien remise en valeur

Cette maison très ancienne de la rue Chaude vient de voir sa façade restaurée par l'entreprise locale, Bruno Choisnet. Ses propriétaires Michel Barret et Valérie Bertola sont à féliciter et remercier.

Un objet du patrimoine

La pompe à bras des pompiers

Cette pompe à bras fut ressortie de son local en 2002, pour une exposition sur la "Belle Époque" montée par Histoire et Patrimoine.

Elle fut ensuite remisée au même endroit, mais y est-elle encore ?

 

C'est dans ce local, en haut de la place Jehan d'Alluye qu'elle se trouvait.

Cette pompe à incendie est celle que les pompiers de Saint-Christophe-sur-le-Nais ont utilisée de 1892, date de son achat par la commune, à 1939, date de son remplacement par une moto-pompe.

 

Elle était actionnée manuellement par quatre pompiers.

Quelques pavillons de jardin ou "folies"

Ces constructions ont été photographiées sur la commune; à vous de rechercher où elles se trouvent.